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Le Capitaine fantôme. Nouveaux contes de la pagode
Auteur : Réginald d'AUXION DE RUFFE

Edition originale : Paris : Éditions du Petit Parisien, 1930, 19 cm, 356 p.

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Critiques

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Les relations entre blancs et jaunes, cette mystérieuse et dangereuse atmosphère d’Asie forment le fond du nouveau recueil de nouvelles de R. d’Auxion de Ruffé, le Capitaine Fantôme. Ce voyageur, qui réside depuis bon nombre d’années à Shanghai est un observateur précis, un écrivain lucide, pour qui les tours et les détours de l’âme humaine n’ont plus de secrets sous aucun ciel. De l’âme millénaire de la Chine, indéchiffrable pour nous, gens d’Europe, M. d’Auxion de Ruffé soulève les voiles, et nous assistons à des drames vécus et poignants, tels que le Bol de Jade, Thi Ra, O Mûri San, la Chaise rouge ; une fois qu’on a lu ces contes rapides et hardis, on ne peut plus les oublier. M. d’Auxion de Ruffé fait inévitablement penser à Maupassant et à Sommerset Maugham ; mais il est différent d’eux. Derrière ces visages d’Orient, l’homme blanc apparaît et prend parti, et c’est ainsi que chaque nouvelle est un conflit de civilisations et de races. Dans O Mûri San – une des meilleures nouvelles de ce remarquable recueil, – à propos d’une jeune métisse japonaise qui se trouve tout d’un coup en présence d’un Européen, son père, l’écrivain s’écrie, poussé par une force secrète :

« Et je vois une vision passer devant mes prunelles closes : une femme, la seule jamais aimée… Quinze ans de cela…» et une abominable trahison pour de l’argent, du sale argent, qui déchira le rêve et m’a laissé, pour l’éternité, un goût de fiel et de boue dans l’âme. Une femme… des enfants… un foyer… hélas ! »

Ainsi M. d’Auxion de Ruffé ne cède pas au simple plaisir de conter ; il le fait pourtant avec maîtrise, mais il veut nous faire partager ses désenchantements et ses rêves. C’est cet accent personnel qui donne tant de prix à ses beaux contes, dont le premier, le Capitaine Fantôme, vous poursuit comme une hallucination, comme une force titanique et vengeresse.

 

Jean Vignaud

Le Petit Parisien, 4 novembre 1930

 

 

Nous avions déjà signalé Femmes d’Asie et d’ailleurs, le précédent livre de cet auteur dont nous écrivions qu’il témoignait des qualités d’écrivain les plus sûres. Ces qualités on les retrouve, affermies, dans ce nouveau recueil de contes publié aux Éditions du Petit Parisien.

M. d’Auxion de Ruffé est avocat à Shanghai. Il connaît l’Extrême-Orient et ses mystères, et les récits qu’il nous en fait nous appellent dans ces pays étranges où la vie prend une apparence nouvelle.

Ce sont des aventures tour à tour tragiques ou comiques, mais toujours conduites avec habileté. A vrai dire l’auteur semble l’emporter dans le tragique. Il excelle à créer une atmosphère, à camper des personnages, puis à les faire agir dans l’angoisse, avec simplicité. Tous ses héros sont vraisemblables sinon vrais, ils nous tiennent haletants dans l’attente de leur action et s’agitent dans des décors exotiques plein de couleur et de lumière, et brossés de main de maître.

Le premier de ces contes est particulièrement attachant. On y voit un capitaine en second, que son caractère a toujours fait éloigner du commandement en chef, assassiner son chef, pour prendre sa place, ce qui ne peut lui être refusé puisque le navire est en mer. Un orage s’abat sur le bâtiment, qu’un fantôme, celui du capitaine assassiné, conduit de telle sorte qu’une mort cruelle échoit à l’assassin.

 

Paul Lombard

L’Homme libre, 27 décembre 1930

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Références

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François Doré, Les Ecrivains de l'Indochine, n° 78, Réginald d'Auxion de Ruffé, in Le Souvenir français de Chine

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